Chambre 7

Emmanuelle est dans sa chambre, à genoux devant la sainte croix, quelques petites pilules au sol à côté d'elle. Elle a les yeux révulsé ; en plein trip LSD, ou ce qu'on peut trouver d'équivalent dans l'abri. La paume des mains vers le ciel, elle s'offre à dieu. Elle s'ouvre car il ne faut pas résister. Dans son esprit c'est une explosion de lumière blanche avec une pointe d'or au fond, loin là bas. Oui il n'est plus très loin et voilà que l'homme suprême se profile devant elle, puissant et imposant. Elle a très peur comme à chaque fois qu'elle va converser avec lui et sent les sueurs froides dégouliner dans son dos. Une musique apaisante dans les sons graves emplit la scène. Puis une voix de ténor s'élève dans les cieux infinis :

- "Emmanuelle ! Tu connais ta mission, n'est ce pas ?"

- "Oui mon seigneur !"

- "Il est important que tu connaisses ta mission ! Quelle est ta mission Emmanuelle !"

- "Supprimer tous les impurs du bunker, mon seigneur !"

- "Oui et pourquoi dois tu éliminer tous les impurs ?"

Emmanuelle hésite, elle a très peur de se tromper face à cet être suprême qui lui accorde une audience.

- "... Pour arriver lavé de tous les péchés sur la nouvelle terre sainte ?!"

- "Oui je vois que tu as compris ma fille. Nous avons beaucoup parlé ensemble durant ton adolescence, et maintenant la parole doit laisser place à l'action. Il va falloir accomplir la sainte parole de dieux ! Sinon, la prophétie pourrait bien se réaliser ma fille.... Et ce serait la fin des temps..."

- "Non, non, pas la prophétie mon seigneur ! Ce serait la fin de l'humanité entière !"

- "Alors il va falloir que tu exécutes la première sainte parole de dieux, trouves mon sang ma fille, trouves le et tu pourras éloigner les infidèles, les parias, la vermine..."

- "Oui mon seigneur, oui tout de suite..."

Emmanuelle tombe inconsciente en dessous de la sainte croix. Quelques heures plus tard elle se réveille, les idées embrouillées comme à chaque fois qu'elle est redescendue. Elle se souvient quand même des paroles sainte qu'elle a entendue : Trouves mon sang, le sang du seigneur... Elle se lève et se touche les articulations. Elle a vraiment mal.
Elle se prépare un petit fix et part en croisade dans les couloirs du bunker à la recherche du sang de dieux. Elle est certaines qu'elle tombera sur ce qu'elle cherche, car le seigneur guide touours nos pas.

Couloirs

Salle du boss

Soeur Emmanuelle arrive en courant dans sa chambre comme très excitée. Elle rentre et s'enferme à double tour dans sa piaule. Elle s'assoie sur son lit et ouvre son sac. Elle en sort délicatement le boue de peau de Moh l'infidèle. Dans sa chambre il y a une espèce de table en bois. Elle s'installe consciencieusement devant et y pose à plat son trésor. Elle ouvre le petit tiroir et on sort des grosses punaises. Elle étire la peau, un tissu qui est en réalité très extensible. Elle lui redonne sa forme et le fixe sur le bois. Il n'y a plus qu'a attendre que le temps fasse son oeuvre.

Cela fait maintenant plusieurs jours que la peau sèche sur le bureau d'Emmanuelle. Elle l'a modelée, étirée, tannée pour obtenir enfin un cuir souple mais solide. Elle se dirige vers son lit à petit pas, se penche et sort un nécessaire de couture qui était rangé dessous. Elle regarde méticuleusement dans la petite boîte et prend un gros fil de cuir. Elle le regarde, tire dessus pour en vérifier la solidité et paraît satisfaite du matériau. Elle sélectionne aussi une grosse aiguille de fer un peu rouillée par endroit. Elle se réinstalle devant la petite table et détache soigneusement le morceau de peau. Maintenant qu'il est bien rigide il ne se rétracte plus sur lui même. Elle lisse le cuir du plat de sa main et commence son ouvrage saint. Après plusieurs de couture acharnée, travail saint pour une sainte femme, elle regarde son ouvrage, le retourne dans tous les sens, c'est parfait. Il faut dire que maman lui avait bien appris à coudre le dimanche après midi. Le dimanche avait toujours été un jour qu'elle aimait, pour les lectures de la bible au son de la douce voix de maman, mais aussi pour la couture. Elle faisait des robes, du rapiéçage ou du napperon quand elle avait du coton pour crochetage. Le dimanche était un jour saint, un jour de repos. Le seigneur l'avait choisit pour eux.
Emmanuelle cherche un peu de ferraille qui traîne dans sa chambre. Elle ne trouve pas grand chose. Non décidément les matériaux manque toujours dans cet abri de malheur, mais cela nous apprend à vivre dans le supplice et l'humilité. Enfin elle déniche un petit bout de ferraille plate. Elle le tort pour en faire un espèce de bouchon.
Il y a quelque temps, soeur Emmanuelle, en se promenant dans les couloirs tout en feuilletant sa bible, avait shooté dans une pompe à graisse sûrement oubliée par un ouvrier chargé de l'entretien. Elle l'avait ramassée pour la stocker précieusement dans sa chambre comme poussée a faire cette chose par une force divine.
Aujourd'hui elle sait pourquoi avoir garder cette chose sale et de première apparence inutile. Elle dévisse le tube de sortie de la pompe à graisse et le fixe sur son bouchon qu'elle vient de construire. Elle a maintenant tous les éléments en main. Il n'y a plus qu'à assembler.

La gourde sainte est enfin finie :